Voilà quelques jours que j’ai débarqué dans cette nouvelle ville. Encore un peu sous le choc du périple que j’avais entrepris de faire, j’avais besoin de recharger les batteries quelque part et surtout de m’installer une bonne fois pour toute dans une petite ville. Le peu d’affaires que j’avais me suivait partout, et de fil en aiguille, j’imagine que c’est cette petite ville qui va devenir ma nouvelle maison. Du moins pour un temps en tout cas. La faim se fait sentir, le soif aussi, et si on peut vivre sans manger pendant des jours, je trouve insupportable de ne pas boire autant que je le voudrais. Il m’a recueilli, j’ai l’impression qu’il me fait un peu la charité, mais j’essaie de ne pas trop en demander. Déjà, parce que je ne le connais pas, et ensuite parce que je ne veux rien devoir à personne même si honnêtement, je serai ravie de pouvoir prendre un verre et me poser un petit peu. Quelle idée de s’enfuir alors que nous sommes en plein automne, et qu’il va se mettre à faire extrêmement froid ? Je ne sais pas, mais avec moi, on sait que les idées sont toujours géniales ! (ironie bonjour). Alors que je profite d’un soleil radieux pour visiter la ville, je ne tiens plus. J’ai besoin de boire, de me poser et ce petit diner me semble bien. Vais-je réussir à avoir un verre d’eau sans devoir laisser un centime ? Je pénètre finalement dans un petit diner, qui me semble tout mignon. Une jeune femme s’y trouve. D’un pas hésitant je m’approche de cette jolie demoiselle, espérant qu’elle veuille bien me donner un verre d’eau bonjour souffle-je avec un petit regard timide serait-il possible d’avoir un verre d’eau, s’il vous plait ? regard un peu à la caliméro ? Oui un peu.

Avec tout ce qui se passe dans ma vie dernièrement, j'en viens pratiquement à oublier que j'ai un boulot parfois. M'enfin, j'dois encore m'y rendre si j'veux arriver à payer mes comptes et un jour foutre le camp de ce bled de vieux. Accoudé au comptoir, je mâche ma gomme comme si je devais prendre de l'air entre chaque mouvement de mastication, la bouche grande ouverte, ça m'a rien de très chic. Mon téléphone entre les mains, j'envoie quelques sextos à un client lorsque ta voix me fait lever les yeux. Ton regard de chien battu me fait froncer les sourcils alors que tout c'que tu veux, c'est un verre d'eau. Je te jauge de la tête aux pieds et laisse tomber mon téléphone dans la pochette de mon uniforme. Ouais, bien sûr. Tu peux aller t'assoir là-bas, je t'amène ça tout d'suite. T'es maigre à faire peur et on croirait que t'as pas dormi depuis des semaines. Je disparais derrière et reviens avec un morceau de tarte sur une petite assiette en plus d'une tasse de café fumante. Je te retrouve assise à cette banquette que je t'ai désigné juste avant et dépose le tout devant toi. Tient.

Je dois faire peur. Mais en même temps, je suis partie tellement vite que j’ai pas réfléchis à tout ce qui pourrait se passer par la suite. Je ne dors que très peu, j’y arrive pas, j’ai toujours peur qu’il soit quelque part, qu’il réussisse à retrouver ma trace, alors que je suis quand même bien loin de Portland. Mais c’est un fou, alors j’imagine toujours le pire quand je repense à lui. Rien qu’à l’idée de voir son visage quand je ferme les yeux, et ma peau frissonne, mes poils se hérissent. Mais mon estomac me rappelle à l’ordre et je lève les yeux a ciel. Un verre d’eau et çà ira bien mieux. Je pénètre à l’intérieur de ce diner, t’es en train de pianoter sur ton téléphone, comme si tu te fichais pas mal de ce boulot, et je m’approche, le pas hésitant mais déterminé à te demander un verre d’eau. Mes cernes et ma peau sur les os doivent te choquer mais tant pis. Un verre d’eau ce sera. Quand tu me réponds, j’esquisse un léger sourire, contente que tu ne me mettes pas dehors. Je m’installe là où tu me désignes la banquette et t’attends sagement. C’est l’odeur du café qui me réveille soudainement. Fronçant les sourcils, je ne comprends pas je te remercie mais je n’ai pas d’argent que je préfère préciser tout de suite avant qu’on n’essaie une nouvelle fois d’appeler les flics ou de me mettre dehors. Je dois vraiment te faire pitié en tout cas. Fermant les yeux un instant, l’odeur du café me fait un bien fou. Et c’est mon estomac qui répond quand il sent la tarte que tu viens de déposer sous mon nez.

Tu relèves la tête vers moi en sentant l'odeur du café, précisant que tu n'as pas d'argent et je secoue la tête en haussant les épaules. J'avais cru deviner. T'en fais pas pour le fric, c'est sur la maison. Hors de question que j'te laisse partir d'ici avec un simple verre d'eau dans le corps. J'me pardonnerai pas si on voit ton nom dans les journaux parce qu'on t'a retrouvé morte en ville. Je me glisse sur la banquette face à toi, rien à cirer que j'sois en train de bosser, on dira que c'est ma pause. Moi c'est Kris. Et toi? Sur mon uniforme, on peut lire mon nom entier, Kristine, mais pas question que tu m'appelles comme ça.

Je me revois encore quelques mois en arrière, ou j’étais si enjouée, si « folle », et libre, comme si rien ne pouvait m’arrêter malgré le boulot que je faisais, de jour comme de nuit. aujourd’hui, me voilà assise sur cette banquette, la tête abattue et le corps affamé, avec une serveuse généreuse comme toi et qui semble être ce que j’étais il y a encore quelque mois. Petit sourire timide, mais appréciant ce que tu m’offres, je prends le café entre mes deux mains, en hume la bonne odeur et apprécie la chaleur qu’il me procure déjà. merci, c’est très gentil à toi souffle-je alors que ce que tu venais me dire me glaça le sang. Je n’imagine pas non plus avoir mon nom dans le journal, pas tout de suite. Déterminée à me remettre sur pied, il me faut quelque jours, pour bien digérer tout ce que je viens de faire en si peu de temps. Mes pupilles dans les tiennes une fois assise face à moi, je porte la tasse à mes lèvres pour en boire une gorgée avant de la poser sur la table, toujours en gardant toujours les deux mains autour. moi c’est Autumn, enchantée te réponds-je en voyant que ton nom entier est Kristine. J’imagine que tu ne dois pas trop l’apprécier. tu es ici depuis longtemps ? voilà que la curiosité pointe le bout de son nez.

Mon commentaire semble te faire un peu peur et j'regrette légèrement mes paroles. L'idée n'était pas de t'effrayer, mais simplement peser mon point. Bref, au moins tu comprends parce que tu prends le café et je souris en voyant que tu acceptes mon aide sans trop t'obstiner. Autumn, c'est joli comme prénom. Enchantée aussi. Je plonge la main dans mon tablier et en ressors une sucette que j'ouvre et me plonge dans la bouche, geste machinal, je n'y pense même plus. À Edenton? Mes douze ans. J'vais pas te demander t'es là depuis quand ni pourquoi, clairement, c'est pas le genre de chose dont tu dois avoir envie de parler. Tu connais des gens ici?

Sachant déjà que cela devait se voir rien qu’à l’apparence que je pouvais avoir, mais se l’étendre dire à haute voix était une autre paire de manches. C’est comme un coup de massue et je sais pertinemment qu’il faut que je me reprenne et que j’arrive à trouver un bon équilibre dans cette nouvelle vie qui s’offre à moi. Ne voulant pas trop rester sur mon refus, j’accepte gentiment cette tarte et ce café qui commence déjà à me faire du bien. Délicatement et timidement, c’est ma main droite qui attrape la fourchette pour prendre un morceau de cette délicieuse tarte que tu m’as proposée. Fermant les yeux rapidement, pour les réouvrir, appréciant avec plaisir ce goûter que tu m’offres. non, personne, je suis descendue du bus qui était parti de Portland, et me voilà dans cette petite ville mon trajet ne devait pas s’arrêter ici, mais je me suis dis qu’il fallait que je descende et que je m’arrête en cours de route. je ne connais rien de cette ville non plus, vraiment, c’est l’inconnu pour moi

J'hoche la tête lorsque tu expliques finalement arriver de Portland et être tout bonnement descendu à l'arrêt d'Edenton sans savoir où tu étais ou comment tu allais gérer la situation. Je pince les lèvres, mon cerveau fonctionnant déjà à plein régime pour tenter de trouver une solution à cette situation. C'est bien moi ça, on m'demande rien, mais j'me fou la tête dans les histoires des autres quand même. Et t'as un toit sur la tête au moins? Tu dors pas dans la rue j'espère... Pas avec le froid qui commence à se faire sérieusement sentir..

Je ne sais pas si j’ai bien fais de descendre comme çà, sans savoir ou je pouvais bien atterrir, mais je n’avais pas envie qu’il réussisse à me retrouver s’il avait su le bus dans lequel je m’étais échouée. Alors à mi-chemin, pendant un arrêt d’une trentaine de minutes, j’ai finis par descendre et me laisser porter par le vent. Bonne ou mauvaise idée, seul le temps me le dira mais pour l’instant, il est vrai que la difficulté est importante. Baissant les yeux à ta question, j’enfouie une grosse bouchée de tarte dans la bouche avant de pouvoir mettre toutes mes pensées en ordre. j’ai dormi deux trois jours dehors, mais là, j’ai un toit sur la tête, mais je ne sais pas pour combien de temps, je n’ai pas envie d’user trop longtemps sa générosité j’apprécie ce que Kaléo fait pour moi, alors qu’il ne me connait pas et qu’il n’est pas obligé de le faire. tu crois que je peux te redemander un café ? ou est-ce que j’abuse ? Peut-être un peu.

Nouveau hochement de tête alors que j'me demande si je pourrais pas te donner un coup de main à ce niveau-là aussi. Chez moi c'est une mauvaise idée avec toutes les caméras... mais peut-être chez Skye elle qui aime sauver les gens. Hein? Oh oui, bouge pas. Je me lève pour aller chercher une carafe fraichement remplis et reviens avec pour remplir ta tasse avant de m'assoir et de poser me menton dans mes mains. J'ai peut-être une pote qui voudrait t'héberger c'tu veux?

J’aime pas devoir des choses aux gens, j’ai toujours tout fais par moi même et ce, depuis que je suis toute petite. J’ai pas grandis comme tout le monde, j’ai dû, tout de suite, faire attention à tout ce qui pouvait se passer autour de moi, avec une mère absente au départ de mon père. Une mère qui se fichait pas mal de sa fille, de faire attention à elle. J’ai tout appris toute seule, et j’ai finis dans la rue. Pourquoi ? Parce qu’il fallait que je gagne de l’argent, que je survive. Et me voilà, assise, face à toi, te demandant un autre café. En te voyant, j’ai l’impression de me voir il y a quelques années en arrière, là ou j’étais encore insouciante et quand je ne connaissais pas encore les violences. c’est gentil.. souffle-je, un peu honteuse j’ai pas envie de déranger et puis j’avoue que j’ai envie d’apprendre à connaître Kaléo, celui qui m’a sortie de cet enfer.

Tu ne sembles pas terriblement à l'aise, mais bon, c'est tout à fait compréhensible. J'hausse les épaules nonchalamment. Tu déranges pas, mais ok. Si tu changes d'avis, tu sauras où m'trouver. Je me relève après avoir regardé l'heure sur mon téléphone. J'devrais y retourner avant que mon patron m'engueule... encore. Je fais quelques pas et m'arrête à côté de toi, attrapant ta main pour y écrire mon numéro à l'aide du stylo que je prends pour les commandes. Écris-moi.

Je ne suis pas à l’aise mais j’apprécie ton aide et ta générosité. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que je vais vraiment me plaire ici. Du moins, une fois que je serais vraiment installée et que tout commencera à aller mieux. j’y manquerai pas, merci beaucoup, c’est très gentil à toi te dis-je sans la moindre hésitation dans la voix. Une grande première depuis que je suis arrivée. ha oui effectivement… je n’ai pas envie que tu te fasses engueuler à cause de moi ! souffle-je avant de remettre une bonne part de tarte dans ma bouche et d’en profiter chaque bouchées. je… j’ai pas pris mon tel en partant… grimaçant, je me souviens d’avoir pris tout ce que je pouvais, sauf mon tel en charge. Dépitée de devoir m’en racheter un quand je le pourrais, ce téléphone était la seule chose qui pouvait me rappeler portland et ma vie avant de débarquer ici. il faudrait que je travail pour pouvoir me procurer un nouveau téléphone

Je m'arrête lorsque tu mentionnes ne pas avoir de téléphone et qu'il faudrait que tu bosses pour t'en procurer un. Je ne réfléchis pas très longtemps avant d'offrir de but en blanc: Tu veux un formulaire d'emploi? Ça s'trouve, le patron serait peut-être moins sur mon dos si j'lui trouve une nouvelle sur qui passer ses nerfs. Je ris un peu.

La seule satisfaction que je puisse avoir présentement, c’est quel ne pourrait jamais ouvrir mon téléphone et y voir quoique ce soit, car jamais il ne pourra trouver le code. Mais le connaissant, il pourrait réussir à trouver quelqu’un qui puisse le faire. Rien qu’à cette idée, la peau se met à frissonner. La bouche ouverte, qui se referme rapidement, et je ne peux qu’apprécier une fois plus ce que tu fais pour moi je me suis dis que tu voudrais effectivement que ton patron trouve une autre tête de turc .. tous mes souvenirs… perdus, mais il est temps d’en créer de nouveaux. je veux bien un formulaire oui s’il te plait en espérant que je passe, car vue ma dégaine ces derniers jours.. heureusement que j’ai accès à une douche grâce à Kaléo. puis-je abuser de toi ? demande-je honteusement